Renaissances italiennes by Crouzet-Pavan

Renaissances italiennes by Crouzet-Pavan

Auteur:Crouzet-Pavan
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2007-03-01T16:00:00+00:00


L’appareil de production : scansions et reconversions

Quant au secteur artisanal et manufacturier, il se restructure. Décadence tragique de certains secteurs hier dominants, croissance parfois spectaculaire d’autres activités, l’appareil de production italien s’adapte et se transforme. Dans les années 1340, pas de doute, la manufacture de la laine dominait. Un siècle plus tard, le déclin est incontestable. Florence sert ici de paradigme historique et historiographique. Au boom de la production répond l’ampleur du décrochement et les mutations de la typologie productive. Dans les années 1330, l’activité dominante de la laine marquait la cité de son empreinte ; 30 000 Florentins, selon Giovanni Villani, auraient travaillé pour cette industrie qui reposait sur des flux commerciaux d’où les grandes compagnies d’affaires tiraient une bonne part de leurs bénéfices. Si la bottega di lana, centre administratif, entrepôt, espace productif et point de vente, était le pivot du système, les 25 ou 30 étapes qui transformaient la laine grège en un drap n’étaient certes pas accomplies dans cette petite manufacture872. Tout un cycle, garantie de la qualité du produit, devait être mené à terme, qui mobilisait du capital, du temps, des hommes aux compétences plus ou moins spécialisées. Un tel système, qui se caractérisait avant tout par la dissémination de la plupart des phases du cycle de production, et qui est, pour cette raison, souvent qualifié de « manufacture disséminée » ou « déconcentrée », faisait donc bon ménage, à certains stades de la fabrication, avec une nouvelle forme d’organisation du travail industriel, celle de la manufacture concentrée. L’art de la laine873, avec sa hiérarchie complexe, regroupait en une immense corporation toutes les catégories de travailleurs, de l’élite des marchands entrepreneurs à la masse des sottoposti, en passant par les diverses gradations de la dépendance. Il était parcouru de tensions violentes, déchiré par les contestations, mais il créait aussi des formes de coopération et une sociabilité de la boutique874.

Dans les années 1340, le succès de Florence s’expliquait par des raisons multiples. Il tenait à la suprématie internationale de ses hommes d’affaires qui dirigeaient la meilleure laine anglaise vers leur ville natale ; il était lié à l’adoption de nouveaux produits pour la teinture, à l’imitation des procédés de fabrication mis au point par les Flamands comme aux difficultés qui affectaient, dans certains centres drapiers anciens, l’industrie lainière (Douai, Gand, Ypres...). Or, malgré la peste noire et sa série de conséquences, la qualité de la production florentine continue son essor : transformation des meilleures laines anglaises, teinture à l’écarlate, la valeur des belles pièces augmente, entre 70 et 90 florins et le meilleur des draps florentins, les panni di San Martino, en quasi-situation de monopole en Europe et au Levant, remportent des succès à l’exportation. La suite est connue. Ce système qui privilégiait la fabrication des draps de luxe et qui dépendait, pour la matière première, d’un fournisseur exclusif, l’Angleterre, connaît dès les dernières décennies du xive siècle de sérieuses difficultés. Elles ne font qu’annoncer la crise du début du siècle suivant, manifeste si l’on suit la courbe de la production.



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